Présentation du groupe :
Aujourd'hui, on va faire sobre. J'ai pu poser des questions à Ghislain Morel sur son ancien groupe "Deadly Strike"!
Bref, Deadly Strike était donc un groupe de Thrash Metal du début des années 90 ayant sorti 2 démos avant de splitter en 1994. Voici donc l'interview!
De gauche à droite : Fred Weis, Éric Planchon, Ghislain Morel, Gilles Heniqui et Kevin Koch (1991)
Sommaire :
Question n°1 : Présentations
Question n°2 : La formation du groupe
Question n°3 : De quand à quand?
Question n°4 : Les deux démos
Question n°5 : Influences et objectifs
Question n°6 : Souvenirs de concerts
Question n°7 : Aimerais-tu refaire quelque chose du genre?
Question n°8 : Que font les autres aujourd'hui?
Question n°9 : L'écriture
Question n°10 : Enregistrement & distribution
Question n°11 : Les visuels
L'Interview :
Question n°1 : Salut Ghislain, merci beaucoup de prendre de ton temps pour répondre à mes questions sur le mystérieux Deadly Strike! Tu es plus connu comme étant le percussionniste du Naheulband, mais aujourd’hui on va s’attarder sur ton ancien groupe de Thrash Metal. Pour commencer, peux-tu te présenter?
Ghislain : Je suis Lorrain, un scorpion né en 1971. J’ai eu un parcours scolaire un peu chaotique à partir du Lycée. J’ai étudié la biologie à la fac puis l’informatique dans un IUT. J’ai été un étudiant erasmus en Irlande où j’ai perfectionné mon anglais et appris à jouer du Bodhran, la percussion irlandaise que je joue dans le Naheulband. J’ai toujours été un grand lecteur et j’ai attaqué les romans anticipations du Fleuve Noir à 6 ans grace à mon grand-père. J’ai découvert le Metal et le jeu de rôle la même année, en cinquième, ce qui aura une énorme importance sur le restant de ma vie. Depuis une vingtaine d’année, je suis professeur documentaliste dans un collège, percussionniste dans le Naheulband, chanteur et percussionniste dans Les Fausses Celtiques (un groupe de musique traditionnelle un peu geek) et auteurs de quelques nouvelles et jeux de rôle chez différents éditeurs.
Question n°2 : C’est une interview assez spéciale, car les seules informations que j’ai pu trouver sur Deadly Strike viennent de Metal Archives et autant te dire que c’est rare d’en avoir si peu. J’ai décrit le groupe comme étant du Thrash Metal, mais en vrai je n’en sais rien, car il est impossible d’écouter quoi que ce soit du groupe en ligne. J’aimerais que tu me raconte comment le groupe s’est formé et par qui!
Ghislain : Le groupe était déjà formé et avait perdu son batteur. Le premier chanteur, Eric , était passé à la batterie et le groupe en cherchait un nouveau. J'ai été pendant 3 ans animateur d’une émission de métal, Incantation, sur une radio FM locale, Radio Déclic à Hayange. J’avais déjà participé à deux groupes où j'étais parolier et chanteur et j’avais écrit des chansons pour un ami musicien. Un soir, nous sommes allés boire un verre dans un café à Thionville avec cet ami et il y avait un piano dans le bar. Cet ami m’a proposé de chanter le morceau que nous avions composé. Gilles, le bassiste de Deadly Strike était dans le bar. Il m’avait reconnu parce qu’il connaissait mon émission et il est venu me proposer de faire une audition. Le lendemain, j’ai été invité à une fête avec tous les membres du groupe dans un verger à Rodemack. Le courant est bien passé et le jour suivant, nous avons fait notre première répétition. J’ai tout de suite accroché sur l’un des morceaux et j’ai demandé du papier, j’ai écrit à la volée les paroles de Virtual Reality, inspiré par Neuromancien de William Gibson que je venais de lire et nous avons mis en place le morceau dans l’après-midi. J’avais pris des notes et j’ai rapidement trouvé des textes pour les autres compositions que nous avons travaillées dans les semaines qui suivirent. Musicalement, c’était très inspiré par Metallica, Megadeth, Testament, Cacophonie et des guitar heroes comme Joe Satriani et Steve Vai. Comme c'était aussi les grands débuts du Death Metal, j’avais mis des passages growlés dans les morceaux. C’était du thrash assez technique et finalement assez précurseur vu que pas mal de groupes ont utilisé cette formule par la suite. En concert, nous avons aussi joué des reprises de Metallica (Creeping Death) et Megadeth (Symphony of Destruction) pour allonger nos sets.
Question n°3 : Quelle a été la période d’activité du groupe?
Ghislain : Le groupe existe depuis 1989. J’ai fait partie du groupe de juin 1992 à mai 1994. Suite à notre troisième concert, j’ai compris que le groupe voulait remettre Eric au chant et j’ai préféré partir, un ami musicien m’ayant encouragé à faire un groupe avec lui. Deadly Strike s’est disloqué dans les mois qui ont suivi et le projet suivant n’a jamais vraiment décollé, principalement parce que je n’avais plus autant de temps à lui consacrer et la mort soudaine quelques mois plus tard de Thierry, mon ami multi-instrumentiste.
Edit du 27/05/2025 (Précisions de Kevin) Kevin : Deadly Strike n'a pas splitté, il y'a eu un changement de personnel qui a conduit à changement de nom en Infect. On a continué à se produire sur scène jusque fin 1997 et enregistré une demo 5 titres sous ce nom.
Question n°4 : D’après Metal Archives, vous auriez sorti 2 démos. Voilà c’est tout, rien de plus. Est-ce que c’est tout ce que vous avez fait? En quelles années sont-elles sorties?
Ghislain : Nous n’avons fait que deux démos et quelques concerts (3 vrais concerts et quelques concerts pour des amis) Seule la deuxième démo a été distribuée à partir de notre second concert. On a fait une cinquantaine de tee-shirts aussi, qui devaient être blanc sur noir mais qui ont par erreur étaient noir sur blanc, mais plutôt cools au final.
Question n°5 : Quelles étaient vos influences, et quel était le but du groupe? Se défouler, faire des concerts, des albums…?
Ghislain : Comme je l’ai dis plus haut, les inspirations principales étaient le thrash, le Death et les albums de guitare instrumentale mais on avait tous nos genres préférés. Le bassiste adorait le Glam Metal, j’aime beaucoup le Heavy Metal et le rock progressif, le batteur était fan de Manowar. On dit que le génie c’est de masquer ses inspirations, ça a dû contribuer à notre musique. Je pense qu’on avait aussi plusieurs raisons de jouer. Faire un album était une priorité et moi j’adore faire de la scène. Certains avaient juste envie de jouer. En tous cas, il y avait une bonne alchimie dans le groupe et chacun y trouvait son compte.
Question n°6 : Vous avez joué des concerts durant les années 90, as-tu des souvenirs particuliers de concerts qui t’ont marqué? Et parmi les groupes avec lesquels vous avez pu jouer, te rappelles-tu leurs noms?
Ghislain : Nous avons fait 3 concerts qui ont plutôt bien marché. Le premier était à Metz au bar du Paradis avec un groupe de Death Metal dont j’ai oublié le nom mais le bar était rempli et nous avons reçu un très bon accueil. Je me souviens avoir dit au revoir, d’avoir quitté la scène et d’avoir couru au bar parce que je mourrais de soif, et au moment où ma bière a été servie, les musiciens de l’autre groupe m’ont traîné sur scène parce qu’on avait un rappel ! Nous avons ensuite organisé un concert à Marspich (une commune d’Hayange.) On a joué avec 2 groupes. La première partie était assurée par Crying Souls dont c’était le premier concert. C’est un groupe Luxembourgeois et l’un des guitaristes, Jean-Claude, était à l’IUT avec moi. Ils sont toujours en activité (note: je crois qu’ils ont des photos de cette soirée) L’autre groupe, Crazy Age, était un groupe “d’amis” qui ont profité de notre set pour se barrer avec la caisse… Heureusement, une des bénévoles avait eu la bonne idée de faire une seconde caisse cachée au cas où quelqu’un essaye de voler celle qui était à l’entrée. Ce fut un gros succès, avec environ 600 entrées, ce qui était assez impressionnant parce qu’un groupe de rock plutôt connu de la même époque jouait le même soir dans une grande salle a quelques kilomètres et qu’ils ont fait le même nombre d’entrées. Pour finir, nous avons joué dans un petit festival de groupes locaux à Volmerange-les-Boulay. Ça a tellement bien marché que ça a précipité le groupe dans un désir d’amélioration qui a provoqué mon départ.
Question n°7 : Ton départ semble un peu amer, mais tu as l’air d’avoir quand même passé de bons moments au sein du groupe. Est-ce que c’est le genre de groupe dans lequel tu aimerais jouer aujourd’hui?
Ghislain : J’adore faire de la scène et c’était un projet très personnel puisque j’avais toute liberté pour écrire mes textes et pour les derniers morceaux, je proposais même des mélodies et des lignes de chants avant que la musique ne soient composés et les autres musiciens mettaient en musique mes idées, ce qui étaient très valorisant. Je suis toujours un grand fan de metal et j’adorerais en effet jouer dans un groupe de ce style. J’ai aussi très brièvement fait partie d’un cover band de Megadeth, ce qui était très simple pour moi parce que j’imite très bien Dave Mustaine et que je connais très bien leur musique. Je crois que ce qui me bloque le plus, c’est que je n’ai plus vraiment le temps de me concentrer autant sur un groupe de ce style, ma vie est déjà très chargée et je ne pense plus avoir le niveau pour jouer dans ce genre de formation. Mais je dois dire que j’adorerais m’y remettre, j’apprécie beaucoup l’énergie du Metal.
Question n°8 : On sait que tu fais partie de Naheulband, mais sais-tu ce que les autres membres de Deadly Strike ont fait une fois le groupe splitté?
Ghislain : Kevin a joué dans plusieurs groupes (Insane, Infect, Metal Militia, Proteüs) et enregistré quelques titres sur des compilations. Il joue actuellement dans Time, un cover band. Je n’ai pas eu de nouvelles des activités musicales des autres.
Question n°9 : Sachant que tu étais le chanteur, j’imagine que tu écrivais aussi les paroles. Quelles étaient les thématiques du groupe?
Ghislain : J’ai écrit tous les textes en effet. Ma passion a toujours été les littératures de l'imaginaire, la science-fiction, le fantastique et la fantaisie. Et j’ai fait ce que les auteurs de ces littératures font le mieux: critiquer des aspects de notre société à travers des mondes et des situations imaginaires. Il y avait donc de la lutte des classes cyberpunk, des voyageurs temporels qui se faisaient passer pour des prophètes bibliques, des chevaliers arthuriens en quête de gloire, des space-marines regrettant leurs massacres. Avec le recul, je trouve que tout cela n’a pas trop mal vieilli.
Question n°10 : Revenons aux démos, vous les aviez sorties tout seuls, ou vous aviez un label?
Ghislain : Vu la technologie de l’époque, c’était enregistré sur un tascam 4 pistes par le père de Kévin, dans leur maison, sans budget. Je me souviens avoir chanté dans la salle de bains et les toilettes parce que l'acoustique était meilleure. La seconde démo est un réenregistrement de la première avec des titres que nous avions composé entre temps et un son un poil meilleur. Kevin s’est amusé par la suite à réenregistrer seul certains morceaux mais il ne les a jamais partagés. On a dû faire une cinquantaine de copies de la seconde qu’on a vendu dans nos deux derniers concerts. J’avais aussi récupéré tous les morceaux de la démo en mp3 par un ami qui avait digitalisé la k7 et je les ai mis en ligne sur mon ancien site perso, mais il a été supprimé par free parce qu’il stockait justement les mp3, ce qui a été assimilé à du piratage à l’époque. J’ai perdu les mp3 dans le décès d’un disque dur.
Question n°11 : En plus des cassettes, tu m’as parlé des t-shirts, qui s’occupait des visuels du groupe?
Ghislain : c’est Kevin qui avait fait le dessin, basé sur une illustration d’un Livre Dont Vous Êtes le Héros, un squelette guerrier. Il lui avait fait 4 bras avec des armes, c’était plutôt cool à l’époque. C’était aussi la jaquette de la k7 démo, photocopié par mon père à son travail et découpé au bon format à la main par mes soins.
Crypt Tower : Merci beaucoup Ghislain de m’avoir éclairé sur Deadly Strike! On en sait maintenant un peu plus sur ce sombre groupe dont presque seul le nom était connu. Je te laisse le mot de la fin, si tu as des choses à rajouter, des recommandations…
Ghislain : 30 ans plus tard, il est peut être temps de faire un come back. Il ne faut jamais dire jamais ! Je reste assez fier de ce que nous avons fait et d’avoir participé à ce groupe avec des musiciens aussi doués. Ça m’a apporté beaucoup, surtout au niveau du jeu de scène, ce qui m’a bien servi par la suite dans le Naheulband. En tout cas, c’était très éloigné de ce que les groupes peuvent faire de nos jours mais c’est une époque que je n’aurais raté pour rien au monde. Merci en tous cas de me permettre de partager mes souvenirs.
Discographie :
Demo I (Démo sans nom, 1991)
Virtual Reality (Démo, 1992)
Informations diverses :
Activité : 1989 - 1994 (A changé de nom)
Pays : France
Genre : Thrash Metal
Label : Auto-produit
Divers :
Images ajoutées le 28/05/2025, Merci à Kevin Koch de m'avoir fourni tout ça!
Affiche de concert avec Bloody Eden, Deadly Strike et Outcast au stade de Montrequienne (18 Mai 1991)
Article de Rurange-lès-Thionville sur le concert de Bloody Eden, Deadly Strike et Outcast en 91!
Affiche pour le concert de Beyond et Deadly Strike (07 Novembre 1992)
Affiche d'un "Concert Rock" avec Crazy Age, Deadly Strike et Crying Souls (10 Avril 1993)
Affiche de la fête de la musique de Thionville (21 Juin 1994)
CD fait main par Kevin (exemplaire unique!)
Les deux cassettes démo
Le même CD mais de dos
Le logo du groupe!
Liens :
Interview réalisée entre le 18 et le 19 Mai 2025. Publiée le 23/05/2025